Un ouvrage passionnant qui traite des relations au temps des croisades entre les Templiers et les Soufis, entre la chrétienté et l’islam.
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Biographie de l’auteur
- Site Pierre Louis Besombes : www.plbesombes-et-le-templier.com
EXTRAIT
Bohémond tenait le tranchant de son épée sur la gorge de son adversaire. Il lui suffisait d’enfoncer légèrement la lame pour faire jaillir le sang. Son ennemi était à genoux. Il était à sa merci. Un filet pourpre dégoulinait de son visage, blessure héritée de leur âpre combat. Son arme était à terre, fendue en deux. Sa tête était droite, son regard n’implorait aucune pitié. Il était fier et il plongeait ses yeux tels des lances dans ceux de Bohémond. Les deux combattants étaient couverts de sueur et de sable. Bohémond transpirait sous son heaume et son haubert.
Son adversaire avait fait preuve de dignité et de courage, cependant il ne devait montrer aucune clémence. Son supérieur ne voulait aucun prisonnier. Bohémond s’apprêta à en finir. Il fallait lui trancher la tête. S’il ne le faisait pas, il trahirait l’Ordre et pire, passerait pour un lâche. Mais il n’arrivait pas à détacher son regard de celui quasi hypnotique du Turc. Ils étaient seuls à l’écart des combats, abrités derrière une dune. On entendait la fureur des engagements de chaque camp, les chocs des épées les unes contre les autres, les cris de haine et de mort des combattants. Finalement, Bohémond se décida. Il prit une profonde inspiration et se mit en position de porter le coup décisif. Le Turc continuait à le fixer des yeux comme pour braver son courage. Un vent sec se leva soulevant des gerbes de sable, brouillant la vision de Bohémond. Cet incident coupa son geste alors qu’il s’apprêtait à en finir. Il ne voulait pas rater sa frappe. Ce vent tourbillonnant le gênait. Puis sans en comprendre vraiment la raison, il abaissa son épée et fit signe au Turc de partir. Ce n’était pas la peur d’ôter la vie qui le freinait, il avait déjà tué de nombreux infidèles. Cette fois-ci, il ne savait pas pourquoi, il laissait la vie sauve à cet adversaire qui avait failli le toucher mortellement. Sa prestance, ses vêtements noirs, dégageaient chez lui une allure inhabituelle. Ce n’était pas un soldat quelconque, même si aucun signe distinctif ne permettait de révéler qu’il s’agissait d’un officier supérieur. Le Turc parut surpris mais ne se fit pas prier deux fois. Il ramassa son arme brisée, regarda une dernière fois Bohémond avec une lueur qui pouvait ressembler à de la gratitude, se redressa et s’enfuit en courant. Lui qui avait accepté de mourir, il avait tout aussi facilement accepté l’offrande de vie de son adversaire. Bohémond regarda l’homme courir et disparaître derrière la dune. L’instant d’après, il aperçut le gonfanon baussant noir et blanc de l’Ordre et s’en retourna rejoindre ses compagnons d’arme.
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- Écrit par : Pierre Louis Besombes
- Catégorie : Dans la presse
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